Avec toi ou sans toi
Les instants
A moi seule ou partagés ?
Sans entraves ou reliés ?
Sans horaires ou encadrés ?
Les efforts
En roue libre ou synchronisés ?
Cheval fou ou boeufs sous le même joug ?
Vers le ciel ou ratatinés ?
Le désir
A tous vents ou canalisé ?
Ecouté ou sublimé ?
Mon moteur ou ton obstacle ?
La maison
C'est mon nid ou ton étape ?
Mon refuge ou ton cellier ?
Mon envol ou ton collier ?
La parole
Notre musique ou sonnant creux ?
Mains tenues ou vain babil ?
Un lien ou un filet ?
Marie-Hélène Lemoine
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Je ne vois pas vos sourires, mais je les entends.
Je ne vois pas les rares sourires sous les masques, mais je les devine
Sauf lorsque l'un d'entre ces masques en papier glapit :« Et la distance ! »
Il ne nous reste que les albums photo à parcourir
Pour retrouver tous les sourires
Se sourire suffit parfois pour tout comprendre
Mais le sourire trompeur peut tromper
(Sourire à l'adversité, garder sa dignité)
Avant les mots, le sourire
Entre la mère et l'enfant
Et après les mots, à la fin de l'histoire
Le sourire du chat d'Alice qui reste tout seul, suspendu
(Comment savoir comment sourit mon chat ?)
Avec les masques obligatoires,
j'imagine le jeu qui consiste à échanger le haut et le bas :
Les yeux des uns, le nez d'une autre, la bouche d'un troisième
Dans la solitude, il nous reste à nous sourire dans la glace
A nous sourire intérieurement
A sourire pour éloigner l'angoisse
Quel sourire a la tristesse ?
(Un sourire bien mélancolique sans doute)
En fait derrière tout cela, il y a de quoi se marrer pour des lustres.
Marie-Hélène Lemoine
Après avoir répondu pas à pas en utilisant tout ou partie de ces réponses, écrire une quête : se mettre en chemin
Le 17 mars 2020, qui pouvait penser que la crise sanitaire allait nous projeter, nous propulser dans un monde inconnu ? La nouvelle situation nous a obligé à accrocher nos habitudes, nos gestes aux crochets d'un récit passé que nous devrons peut être abandonner. Tout à coup un immobilisme nous a été imposé et est devenu une règle. Un virus nous a envahi, nous a obligé à collaborer avec lui en nous imposant, pendant un temps, un billet de sortie. En quelque sorte, nous avons été expulsé dans une nouvelle année zéro. Deux mille vingt n'est pas seulement une année miroir mais un prélude, un point de départ dans un espace inconnu tout en restant les pieds sur terre amplement collés dans la glaise de l'hier. Les repères ont été bousculés en urgence à tel point que le premier janvier deux mille vingt est devenu le premier jour du vingt et unième siècle.
Il ne s'agit pas d'abandonner.
Nous avons mis plus de cent ans à oublier, à effacer les conséquences d'une épidémie. Nous voilà déboussolés en essayant d'appliquer les recettes de jadis. Il faut se remettre en chemin avec des bagages alourdis, encombré par des habitudes forgées, ripolinées du passé. Les nouvelles résolutions sont toujours difficiles à accepter. Perdre des habitudes pour en assumer d'autres. Mais il y a toujours une lumière à saisir même si celle-ci est trop faible. Dans cette situation bancale qui nous estt imposée il nous reste, pour celles et ceux qui peuvent les ramasser, les écrire, les prononcer, les mots. Ils nous attendent patiemment, silencieux, isolés, éparpillés, oubliés, mutilés,... A nous de les saisir pour bâtir, ériger, avancer, échanger, parler, crier,... Ce sont de merveilleux trésors qui nous serviront de béquilles, nous les convalescents qui entrons dans cette nouvelle année zéro. La tentation du repli sur soi véhiculée par les réseaux sociaux me fait penser à ces boules de papier froissés emportés par un mauvais vent. Les défroisser va exiger beaucoup d'efforts dont certains seront vains. Un renouveau doit l'emporter comme le printemps biffe l'hiver.
Patrice Monchy, le 30 septembre 2020